« Qui n’embarque pas les siens finira seul avec une rame cassée » Kash Léone
Depuis qu’on a prescrit la mort du rap, bon nombre de rappeurs veulent prouver le contraire en imposant leur jugement. Tango et Kash surgissent pour libérer leur art comment ils le disent eux mêmes. C’est armé de leur premier album intitulé « Made in hip hop (Premier ricochet) » que le duo originaire de Seine Saint Denis et Seine et Marne souhaite donc donner leur coup de pinceau sur ce tableau qu’est le rap français. Après la rupture de leur groupe Division H, Tango Cap et Kash Leone sort leur premier album en cette année 2010. Les deux rappeurs ne sont pas des débutant. Ils baignent dans le rap depuis les années 90. Bercés par des Sydney, Nas, Wu Tang ou NTM, les deux rappeurs ont vingt années de rap dans la tête. Et tout cela s’entend dans leur album. Avec une musicalité qui jongle entre une mode à l’ancienne caractérisée par les pianos et violons et le style en vogue du moment, leur premier opus arrive dans une période où le rap français se cherche une nouvelle identité. « Made in hip hop » est composé de titres très variés musicalement. Un album hétérogène peut avoir deux conséquences majeures possibles : plaire ou son effet inverse. Dans le cas de Tango et Kash, le coté diversifié est plus ou moins bien exploité. Ce mélange entre les années 90 et 2000 peut déstabiliser certains auditeurs à l’écoute de l’album. En effet on retrouve des titres qui nous plonge directement à l’époque de l’age d’or tels « Cause à effet » ou « Crois pas que c’est facile » où le piano violon, cité plus haut, prend énormément d’importance dans le genre. Et à l’opposé des titres comme « A qui la faute » ou «Bougez » qui suivent le style qui date directement d’hier. Il sera difficile de trouver un point d’équilibre qui satisfera le plus grand nombre pour cet album qui surf entre deux époques.
Le binôme a passé trois années à travailler sur ce disque. Beaucoup d’horizons ont été exploitées. L’essentiel des productions provient de samples, pour beaucoup vocales. On remarque donc encore une fois la façon de travailler à l’ancienne. On peut noter d’autres touches ajoutées à cette galette comme un titre teinté de rock avec «Scier les barreaux » ou encore un condensé d’extraits de journaux télévisés sur « Alerte ». Il n’y a pas de production type, ce qui nous amène à faire un choix plus facilement sur ses préférences. Les deux rappeurs sont de réels performeurs. Ils s’approprient de chaque beat avec une facilité considérable. Leurs flows ne sont aucunement monotone. Ils ont une bonne maîtrise de leur sujet. Mais ce qui marquera le plus c’est la qualité d’écriture qu’apportent les deux rappeurs, à défaut d’avoir un ensemble de productions époustouflantes. Pendant que certains font leurs crises d’adolescences, Tango et Kash décrivent une réalité dans leur musique en mettant en avant une plume simple et travaillée à la fois. Ils ont suivi cette règle qui donne un sens positif au rap, des banlieusards conscients pour leur part. La moitié de l’album est à base de featuring. Cela en fait beaucoup pour un premier album. La plupart des invités apportent un plus à l’album mais on ne pourra pas en dire de même de Rokfu qui gâche l’harmonie entre Tango et Kash sur « Crois pas que c’est facile ». Le rappeur est dans le bas niveau que ce soit dans ces paroles et sa façon de rapper qui peut rappeler un autre mc dont on taira le nom. D’ailleurs le clip de ce même morceau est une version réalisée sans Rokfu.
Avec ce premier album de Tango et Kash on nage entre deux époques. Il est vrai que pour une personne ayant connu ce qu’on appelle l’age d’or du rap français, il est difficile de se détacher du style. L’album aurait pu prendre une bonne part dans le rap français, mais il y a comme un manque au niveau des productions alors que les écrits sont parfaitement ficelés. Malgré tout cela on retrouve des titres qui déclasseraient bon nombre de morceaux sortis en tête de séries cette année. On attendra le deuxième ricochet pour voir comment le tandem Tango et Kash poursuivent leur chemin.
Les 5 meilleurs titres pour ma part : Cause à effet, Banlieue, Instable, Maîtrise méfiance, Scier les barreaux
12/20
Extrait "Clip - Crois pas que c'est facile"