La Colombe marque le retour de Soprano sur les devants de la scène du rap français. Il fait partie de ces rappeurs les plus attendus pour cette année après Rohff et Booba. Après son premier album solo, beaucoup doivent se demander s’il va continuer sur sa lancée après un succès qui n’a cessé de ralentir depuis quelques années. Que va donner Soprano en 2010 ? C’est à New York que le rappeur s’envole pour travailler en partie sur cet album. Les moyens sont donc mis à sa disposition pour élaborer un disque de bonne qualité sur le plan musicale. De plus le rappeur nous revient avec une idée derrière la tête, sortir deux albums qui par hypothèse seraient contradictoires : La Colombe et Le Corbeau. La Colombe a principalement pour but de nous montrer le coté pacifiste du rappeur sur des musiques mielleuses où parfois le rap se frôle à la pop. Le tout avec un Soprano qui nous la joue un peu à la John Lennon. A quoi devrons nous nous attendre pour Le Corbeau dans ce cas ? Pour ce qui de La Colombe, ce coté antimilitariste plaira-t-il aux auditeurs ?
Le Corbeau : « En se penchant sur cet album, à la première écoute on peut se demander où est passé le rappeur qui représentait Marseille ? En effet on ne reconnaît pas vraiment le sud dans cet album. Du coup on cherche une identité à lui donner. Le rappeur nous livre là un album facile, où l’écriture n’est pas vraiment recherchée et son rap reste banal alors qu’il nous avait déjà montré mieux auparavant. On a l’impression que le rappeur en allant au USA a oublié ses origines et du coup plus rien a dire sur l’album à part faire le pacifiste. Les allusions au Plan d’Aou qu’il a l’habitude de faire est devenu une histoire ancienne. Soprano veut se faire passer pour l’Abbé Pierre du rap français. L’album est un enchaînement de packs mélancoliques qui plombent le décor. On connaissait le coté mélancolique du rappeur, à nous mettre les larmes aux bords des joues, La Colombe pousse les choses plus loin jusqu’à réveiller notre partie suicidaire. Le rappeur suit cette ligne directrice piste par piste et cela risque d’être lassant pour la plupart des auditeurs. En voyant comme noms d’invités Mamadou et Mariam on aurait pu s’attendre à un titre spécial quand on sait ce que le duo de chanteurs peut apporter par leur présence. Mais non rien n’y fait, le rappeur s’enfonce encore plus dans ce coté sombre qui au font laissera beaucoup de personne indifférents. Certains morceaux se ressemblent beaucoup, Hiro et Je serai là par exemple, on a l’impression d’écouter le même morceau sur deux instrumentaux différents. L’écriture de Sopra M’Baba est un listing de tout ce qui peut avoir de mal dans ce monde. Il peut passer des classes de plus de 31 élèves à cette mère qui a congelé son bébé. Les textes sont naïfs tout comme le rappeur. N’enfonçons pas plus cet album car on peut si on commence à parler de l’autotune mal gérée sur certains titres de l’album. En gros il n’y a rien vraiment de marquant contrairement à son précédent album où certains titres pouvaient être écoutés en boucle sans se fatiguer. Ici on oubliera vite faite les morceaux d’autant plus que les musiques n’ont rien de spéciales. La Colombe est l’album le moins réussi de Soprano jusqu’à présent dans sa carrière même si des morceaux restent agréables à écouter. Le plus gênant reste cette succession de morosité. Beaucoup de personnes critiquaient déjà ce coté à fleur de peau qu’il dégageait dans ces précédents projets. Avec celui-ci, les choses ne risquent pas de s’arranger. »
La Colombe : « En se penchant de plus en plus sur cet album, on reconnaît bien là le rappeur marseillais après bon nombre d’écoutes. De façon générale, on remarque que la réalisation à été bien travaillée même si les compositions sont du ‘déjà entendues’. Il n’est pas allé à New York pour rien. On regrettera juste cette touche du Plan d’Aou qui manque à cet album. Malgré que tout soit de la mélancolie du début à la fin, certains morceaux sortent tout de même du lot. Comme Starting block, Châteaux de sable et Speed où l’ambiance des sons nous régale petit à petit. Mais aussi La Colombe et le corbeau qui réussit à nous rendre attentif au morceau. Entre deux chansons maussades, on a toujours droit à des productions pour nous faire réveiller même si les paroles sont constamment arrosées de la même sauce. Depuis quelques temps Soprano s’essayait souvent au chant sur d’autres projets. Cette fois-ci c’est à son propre compte qu’il va mettre cela en œuvre. Ce Qu’on laisse à nos mômes, un titre bien construit sur un air de guitare où il nous emporte dans son monde. Quand il veut vraiment nous surprendre, il sait le faire. Il est juste dommage que cela ne se répète pas souvent sur le disque. Soprano a décidé en quelque sorte de prendre un risque en nous pondant un album représentant un tableau pacifique. Ce coté peace and love n’est pas dérangeant en soit mais la façon de faire du rappeur peut laisser indifférent. Beaucoup de personnes risquent de ne pas aimer ce projet qui au fond ne fait que répondre à l’idée du rappeur. Mais quand on sait que le rappeur a un talent certain et qu’il ne le met pas en avant pour nous composer des choses qui peut nous intéresser plus, on est en droit de se poser des questions. Espérons que pour Le Corbeau, le rappeur relève le niveau et nous donne vraiment un album à la hauteur de ces capacités.»
Les cinq meilleurs titres pour ma part : La Colombe et le corbeau, Starting block, Speed, Ce qu’on laisse à nos mômes, Châteaux de sable
12/20
