Depuis quelque temps on sent Sat très actif depuis la cassure avec la Fonky Family. Voilà qu’il nous livre son 2e projet après cette aventure (3e depuis ses débuts). Pour ce 3e opus, Diaspora, il n’a pas fait dans la dentelle. Pour son 3e projet, Sat décide de réunir sur un même plateau les rappeurs marseillais actifs du moment : les Psy4 de la rime, Kalash l’Afro, Keny Arkana,… sans oublier les anciens Iam, Faf Larage, Boss One ou encore Stone Black du Carré Rouge. 22 rappeurs au total. Ce genre de projet pourrait nous faire penser à Chronique de Mars (ne parlons pas du volume 2 par respect à son ainé) qui regroupait déjà les rappeurs marseillais de l’époque. Le projet de Sat marquera-t-il nos esprits de la même façon ?
L’Artificier parle beaucoup de musique, de rap pour être plus précis tout au long de son album. A commencer par Plus que de la musique accompagné d’Akhenaton et Soprano, un titre qui fera naître beaucoup de débat par rapport au couplet d’Akh. Alors Akhénaton pose-t-il le meilleur ou le plus mauvais couplet du son ? Ce que l’on peut dire en tout cas, c’est qu’il a le don au moins d’innover dans ce foutu rap français. La prod de ce morceau a eu aussi droit à son débat. J’ai même entendu des bruits de couloirs comme quoi ce titre pompait Still Will Kill de 50 centimes et Akon. Je vous laisserai constater par vous-même si cela est vrai ou pas. Il n’en est pas moins que cela reste un bon morceau. Sur Diaspora, Sat continue sur ce même thème : « C’est ma vie, c’est mon œuvre ». On sent bien que le mec a le rap dans le sang malgré sa déception de ce qu’est devenu le rap aujourd’hui : « Il y a si peu de bon rap depuis qu’il y en a partout » disait-il (extrait de Sous-estimés feat Baba Saad). Et si vous voulez encore entendre Sat défendre les valeurs de sa musique, vous serez servi : Retour aux sources (avec Faf Larage) ou bien Les jeux sont faits (avec Mo Cheez)
Musicalement, Diaspora mélange un peu toutes sortes de styles. Un peu de soul avec Rien de doit m’arrêter qui repend le sample et le thème de Marylin Mc Coo & Billy Davis Jr « Nothing can’t stop me », ou La race des battants sur lequel on peut réentendre un Shurik’n qu’on avait pas entendu depuis des lustres. On retrouve des titres plus électriques comme On s’obstine avec une ligne de guitare électrique qui donne beaucoup de punch au son. Les jeux sont faits nous emmène directement vers la Californie par son coté West Coast, un petit son funky soul qui nous ferais bouger la tête si on se laissait aller. Pas de place à l’émotion sur l’album, en tout cas musicalement. Tous les titres dégagent une énergie. Au pied du mur par exemple, qui est tout ce qu’est le rap marseillais lyricalement, on aurait pu s’attendre à un titre bien triste à cause des premières notes de piano dès le début du morceau. Mais la suite en est autrement. Sat a fait appel au fidèle Médeline, Juste music entre autre pour lui concocter ses plats musicaux. De façon générale, les titres sont bien produits et c’est ce qui fait le point fort de l’album. Après bon nombre d’écoutes, on s’adapte facilement à certains instru qui nous ne parlent pas dès le début.
Textuellement, Sat sonne assez creux. Il n’arrive pas à se détacher de ses thèmes de prédilection qu’il traîne avec lui depuis Si dieu veut. De plus son flow peut lasser. Depuis quelques années il rappe toujours de la même façon alors qu’il peut bien mieux faire. D’ailleurs dans une récente interview, il prétendait lui-même qu’il maîtrisait mieux un beat depuis Marginale Musique. Il ne faudrait pas qu’il devienne le Sinik marseillais, s’il ne change pas de technique de rap. Il se fait souvent devancer par ses invités. Sur Le hood par exemple, REDK pose en couplet à en faire retourner quelques cerveaux.
Diaspora, est un projet qui vient à point nommé. Des projets comme celui il manquait au rap français. Certes, il y a eu La Fouine avec son capitale du crime il y a quelques semaines, mais rien depuis un certains temps ne sonne autant hip hop (textuellement et musicalement) que cet opus. On sent l’envie de Sat de se réconcilier avec le rap français depuis son l’échec de Second Souffle du point de vu commercial. Le rap marseillais devrait bien se comporter cette année avec la sortie d’Alonzo et ceux qui suivront : Akhénaton, Faf Larage, Kalash l’Afro ou encore Shurik’n, Si dieu veut.
15/20
Mes 5 titres préférés :Retour aux sources, On s’obstine, Génération sacrifiée, Au pied du mur, Le hood
