A peine une année passée après la sortie de son dernier album, Salif ajoute une nouvelle ligne à son CV : Qui m’aime me suive. Pour ce nouveau projet, il va se renouveler et exploiter en partie un style presque vierge dans le rap français. En effet, aucun rappeur français, en tout cas à ma connaissance n’a su mener à bien un tel mélange musical qu’il a su introduire dans cet album, contrairement à nos voisins d’outre atlantique. Le rappeur semble vouloir amener une nouvelle vague afin de remodeler cette musique en France. Il va donc essayer de nous convaincre avec 16 nouveaux titres que contient cette galette. A la suite de son aventure avec le IV My People, Salif a évolué techniquement mais paradoxalement son public semble apprécié de moins en moins ces derniers projets en date. Mais ce n’est pas pour autant que le rappeur s’arrête en chemin. Bien au contraire, il se fait de plus en plus présent ces temps-ci. Malgré une longue carrière (il rap depuis 1995), Salif est encore un jeune rappeur de 29 ans avec déjà cinq projets solos et deux albums avec son compère EXS à son actif. Dans une vie d’interprète, on parle souvent de l’album de maturité, celui qui diffère des autres, celui qui nous dit qu’il arrive à un point important dans sa carrière. Ce 5e album de Salif est il l’album de maturité ? En s’éloignant peu à peu de ses thématiques de rue, il nous offre un rap plus aboutie. Mais hélas, seulement en partie. En effet, il décide de couper ce nouveau projet « Qui m’aime me suive » en deux. Ceci sera la première chose qui marquera ses auditeurs.
L’ambiance de la première partie est plutôt street. Sa façon d’aborder certains sujets s’oriente surtout vers l’humour. Il met le doigt sur l’attitude qu’on peut avoir en boite de nuit par exemple sur J’aime pas les clubs, ou alors il se met à la parodie sur Jean slim où pour pousser le bouchon plus loin utilise le vocodeur comme élément caricatural. Mais lorsqu’il s’agit de faire un état des lieux ou défendre les idées reçues de la rue, il devient plus réfléchi comme on peut l’entendre sur Banlieue française ou Statu Quo. Salif jongle donc entre fantaisie et thème plus ou moins sérieux. Cette première partie est aussi caractérisée par son style instrumental. Les morceaux se ressemblent beaucoup entre eux alors que les producteurs qui les ont confectionnés son différents : Cannibal Smith, Canardo ou Blastar entres autres. Le choix de Salif pour ses instrumentaux semblait donc s’orienté vers une touche bien précise. De plus ces mêmes morceaux se fondent facilement dans la masse ce qui se fait actuellement dans le rap français. Dans ce cas ils marqueront difficilement les esprits. Ceux qui ont apprécié son précédent album « Curriculum vitae » auront plus tendance à aimer cette partie musicale de l’album. Avant de passer à la seconde moitié de l’album, on peut noter que Jean slim était au départ prévu pour CV mais non retenu au final. La deuxième partie est beaucoup plus personnelle. Le rappeur se livre a lui-même. Tout ceci n’est pas nouveau d’autant plus que tous les artistes le font. Mais ici le rappeur décide d’employer une façon différente de le faire, qui est d’introduire de nouvelles sonorités dans sa musique. Et pour cela il fait appel à John Gitlis, membre du groupe métal français, les Enhancer. Ce dernier va alors produire pour Salif en y faisant intégrer ce coté rock métal. Lé résultat est vraiment très intéressant. En écoutant OD, Prison de vers, ou encore L’homme libre on aura droit à du nouveau Salif dans une certaine mesure. De plus il s’en sort bien et va même jusqu'à chanter sur quelques morceaux. On ne peut pas encore parler de Linkin Park à la française mais on s’y rapproche un peu. Cette deuxième partie de l’album est mieux construite, mieux réalisée. On retiendra beaucoup plus de chose, en mauvais ou en bien, que les premiers titres de l’opus.
Ce projet de Salif est une sortie à ne pas laisser de coté. Malgré que cela ne soit pas vraiment considéré comme un album à part entière mais plutôt comme une sortie en attendant son prochain album La fleur au fusil, Qui m’aime me suive marque en quelque sorte les esprits par sa différence musicale. Ce coté rock métal apporté à l’album est véritablement le point fort de cet opus. On peut considérer que le rappeur voit désormais plus loin que ce l’on lui propose dans le rap. On espère en tout cas qu’il ne s’arrêtera pas là et exploitera ce nouveau filon pour son nouveau projet. Vu l’excellent travail effectué par John Gitlis, on a le droit de se dire qu’ils n’ont pas encore mis de point final à leur collaboration. Cela se confirmera sûrement dès le lancement du compte à rebours de son nouvel album. Et à savoir si cet album est celui de la maturité pour Salif, seul l’intéressé pourrait répondre à cette question.
Les 5 meilleurs titres pour ma part : O.d, Prison de vers, Salif vs Salif, Qui m’aime me suive, L’homme libre.
14/20
