Tout auréolé de son classique certifié, Le Code de l’Honneur, Rohff n’avait plus, pour la sortie de son deuxième opus, qu’à aller chercher un succès commercial retentissant pour compléter son tableau de chasse. Sans renier sa livraison précédente, brute de décoffrage et collée au bitume, mais en édulcorant régulièrement la forme, au moins. Gaillard s’il en est, l’un des bras armés de la Mafia K’1Fry devait toutefois composer avec une base de fans peu encline à le voir verser dans le rap tous publics. C’est ainsi, en ménageant la chèvre et le choux, que Rohff s’est payé un double disque d’or, et qu’il s’est fait une place au soleil sous le parasol bienveillant de ses nombreux inconditionnels.
Avec l’autoportrait « R.O.H.2F », Rohff fait les présentations pour ceux qui les auraient manqué lors de son premier passage dans les bacs. Quoi de plus normal, hospitalité oblige, que de planter le décor pour les nouveaux venus. Le rappel n’est toutefois pas dénué d’intérêt, et les repères varient quelque peu. On trouve en effet du changement chez Rohff, et l’on se surprend à compter au casting des noms tels que celui d’Assia, pour l’indigeste « 5.9.1 ». L’écueil ne serait pas si dérangeant s’il était le seul, mais les passages à vide se comptent par paire avec les tubes de l’opus, ou presque. « Qui est l’exemple » en remet une couche sur les contradictions du personnage, et achève de nourrir la voix des détracteurs naissants du rappeur. Heureusement, tout n’est pas à mettre dans le même panier, et les ogives fusent sans prévenir. Si l’on excepte l’hymne tuné « TDSI » (sympathique au demeurant, mais d’un goût douteux), Rohff s’en sort avec les honneurs dès lors qu’il remet l’authenticité au goût du jour : « Sensation Brave » ferme, de force, le clapet et laisse le casque cloué sur les oreilles. L’attention ne descend pas d’un iota avec « Miroir, miroir », l’adroit « Rap Info » ou le sulfureux « Creuset de Voyous ». A l’aise dans son exercice multifaces, Rohff réussit la prouesse de mêler les crossovers éhontés aux titres solides et inspirés de la rue dont il a le secret, si bien que de la corde à sauter à la réunion de sous-sol, chacun y trouvera son plaisir, ne serait-ce que l’espace d’une poignée de tracks.
Sans doute trop versatile pour convaincre sur la durée, cet opus de Rohff fait dans la dentelle, contrairement à son prédécesseur. Pas de quoi pointer son auteur du doigt, dans l’absolu, mais le changement de visage de Catastrohff laissera perplexe plus d’une paire d’oreilles. La vérité des chiffres l’emporte néanmoins dans le temps, et la déferlante Rohff dans les bacs ne laisse que peu de doute sur l’impact de ce disque, qui marque clairement la prise de dimension d’un rappeur controversé (et qui s’en porte bien).
Chronique réalisée par Raging Bull
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