Ca y est on a enfin trouvé notre Victor Hugo dans le rap français. Il se prénomme José Kaminsky alias Rocé. Le rappeur revient avec un 3e album « L’être humain et le réverbère ». Le nom est déjà énigmatique tel un titre de Jean de la Fontaine. D’ailleurs les titres qui composent la galette n’en sont pas moins équivoques : De pauvres petits bourreaux, Mon crâne sur le paillasson, Le savoir en kimono en sont de parfaits exemples. Alors que pour ces précédents albums Rocé avait fait dans la simplicité. Il décide cette fois ci de mettre plus en avant son coté parolier. Son écriture est donc accentuée, et ceci comptera pour une grande partie dans la qualité de ce dernier œuvre.
Dans ce nouvel album, Rocé fait son analyse sur la vie actuelle. Il n’hésite pas à critiquer le comportement de l’homme de nos jours. L’évolution de l’attitude des gens est un thème réccurent qui tient à cœur l’artiste. On a droit donc à un Rocé assez moraliste. Est-il devenu un homme en colère ? En tout cas il nous fait part de sa définition de l’homme en 2010. Voilà donc ce que Rocé nous conte tout au long de son dernier album. Il s’amuse à comparer la jeunesse d’aujourd’hui aux anciens dans Jeux d’enfants. L’être humain ou le réverbère, est l’occasion pour lui de mettre un malus sur la fainéantise des gens qu’y s’est formée avec l’explosion d’internet. Et on notera sa façon originale de traiter de la discrimination avec l’excellent Le cartable renversé.
« Je ferai du rap le hardcore que j’imagine »
La définition de Rocé, c’est un rap intelligent en 3 volumes : Top départ, Identité en crescendo et maintenant L’être humain et le réverbère. Si vous chercher du rap de rue, de voyou et autre street crédibilité, ce n’est pas chez lui que vous allez en trouvez. On pourrait appeler son rap, un rap passe partout. Mais certains puristes ou d’autres parties de la jeunesse n’y trouveront sûrement pas leur part.
Comme de plus en plus de rappeurs qui ont su mûrir avec l’âge, il se déconnecte entièrement avec le rap de rue. Comme il le dit lui-même c’est le seul rappeur trentenaire à rapper comme un adulte. Mais bon, je dirai plutôt qu’il fait parti d’un nombre minime de rappeurs à être lucide. On pourrait facilement classer Rocé parmi l’élite de l’intelligentsia du rap français aux cotés des Oxmo Puccino ou Abd Al Malik. D’ailleurs, un point commun existe entre ces trois artistes : Jacques Brel. En effet, Rocé rend un hommage à ce chanteur disparu en interprétant une de ces chansons : Les singes. Plus accéléré et rythmé que l’original (ça on pouvait le deviner), le morceau reflète encore une fois l’identité de l’homme à travers des images et des métaphores bien recherchées. Félicitons Brel pour ça. Fermons cette parenthèse pour en revenir à la musicalité de cet album
Rocé s’ouvre vers d’autres styles musicaux. On savait déjà son amour pour le jazz qu’il exploitait également sur son précédent album. Ici il ne change pas la donne. On a droit à ce petit jus de jazz qui vient parfumé ce dernier opus. Et pour cela il fait appel au bassiste Sil Matadin, avec qui il partage également la scène. L’homme vient donc l’aider dans la composition du disque. Pour ne pas s’arrêter là, il va même plus loin en exploitant un autre univers. Un nouveau style apporter par Hayet, une chanteuse encore inconnue. Ce titre, L’objectif, pour le définir on pourrait le classer dans une section électro-pop. D’autres titres seront moins accessibles par les amateurs de la black musique comme Au pays de l’égalité, Jeux d’enfants ou encore L’être humain ou le réverbère. Attendez-vous donc à ne pas écouter du rap pur mais plutôt de l’alternatif. Malgré ça Rocé est toujours attaché à ce qui a construit sa carrière. Musicalement certains titres sont taillés pour satisfaire les connaisseurs. Carnet de voyage d’un être sur place, un titre avec un sample vraiment entraînant nous montre que Rocé n’a pas perdu sa verve derrière un micro.
L’être humain et le réverbère est un album où Rocé mélange un peu les genre de ces deux précédents album. A la fois teinté de rap et de jazz, il se laisse aller tout simplement vers d’autres horizons. Avec ce dernier album, soit on le suit dans le voyage où il nous emmène ou alors on restera les oreilles collées par terre. En tout cas cet album mérite d’avoir un meilleur succès que ses précédents albums.
Les 5 meilleurs titres pour ma part : Carnet de voyage d’un être sur place, Le cartable renversé, Les singes, Si peu comprennent, Des questions à vos réponses
13,5/20
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