Qu’est-ce qu’il y a de plus énervant que les petits frères qui squattent nos galettes de classique du rap ? Les petits frères qui tentent de faire des classiques de rap. Et dans le genre, il semble que le 1995 et leur Entourage aient mis la barre haute. Non pas que les gars nous aient lâché du classique à la pelle (loin de là même), les nouveaux trublions du rap hexagonal collectionnent autant les fans que les haters d’où une massive envie de leur en foutre des coups (de pelle). Ni pour, ni contre, l’année 2011 est sans équivoque la leur. Capables de ramener des bancs de pouf estampillés 5ème arrondissement dans les premières parties des concerts unda de la capitale, l’actu rap se fait par eux ou autour d’eux (ma chronique de 1995 est la plus visitée du blog… J’attends que Sky me contacte pour remplacer Fred…). Aussi péteux que le morveux ayant complété son album panini (arrêtes de te la péter, papa a raqué), le crew peut même se permettre de faire patienter les médias préférant la communication facebook et leur million de like à chaque état d’âme ou nouvelle « dinguerie ». Bref, t’auras beau aller t’alimenter sur les blogs conscients, t’échappera pas à ta giclée.
Dans ce bordel ambiant, Nekfeu et Alpha Wann s’extirpent du 1995, histoire de se faire une ballade en amoureux. S’ils clament toujours leur amour pour leurs soces, il est clair que les deux larrons profitent de leur statut de chouchou, à juste titre microphoniquement parlant, pour tester leur publique. Un moyen aussi de conjuguer une fois pour toute la forme avec le fond. Ce dernier étant le principal défaut de cette énorme bouillabaisse de mcs.
En Sous-Marin comme La Source est donc un EP mais cette fois-ci gratuit (l’anarchie règne aussi dans les choix marketing). A moins que ce soit une mixtape ? Histoire de ne pas passer pour une personne médisante on va dire que c’est une mixtape…. A la production exit Juliano qui avait sauvé du flot abondant des galettes inintéressantes l’EP des 1995 et welcome au Basement Beatzz à ne pas confondre avec leurs homologues américains. Alors quel concept phare se cache derrière cet EP/mixtape ? Ce Sous-Marin va-t-il enfin être la référence clef de ce bordel hyperactif en harmonisant flow, lyrics dans le fond et la forme et homogénéité de beats à consonances Boom Bap ?
Liliane fais tes valises, on rentre à Paris ! Et si vous être claustrophobes, l’ambiance renfermée du sous-marin de Nekfeu et Alpha Wann risque d’alimenter votre angoisse de manque d’air. Et la ventoline n’est pas fournie, va falloir mouliner des bras pour choper la sensation de fraicheur. Ne tournons pas autour du pot : beaucoup de bruit pour rien et surtout une sensation d’être isolé à croire à la capacité des deux commandants de bord à passer le cap enfantin du kickage pour le kickage. Les travers de 1995 ressortent comme une putain de montée d’acnés (je m’adapte à la fan base et à mes nouveaux lecteurs : Wiz Khalifa coming soon).
Le sample est cramé on s’en fout c’est gratuit
La cause de votre blocage de la mâchoire ne provient malheureusement pas d’une énième anomalie héritée de la consanguinité bretonne mais bien à l’écoute de cette mixtape où l’on se demande pourquoi Nekfeu et Alpha Wann ne cherche pas plutôt à cacher l’identité des tortionnaires musicaux que sont les Basement Beatzz. Telle une balance face à l’inspecteur, nos deux larrons n’oublient pas de rappeler qui sont les coupables de ce carnage musical à chaque début de morceau. On aura quand même du mal à pouvoir trouver quelque talent possible au travail des Basement Beatzz, car en plus d’être cramé à chaque production, le mot sampling se transforme plutôt en reprise remasterisée. De Quincy Jones à The Spinners en passant par The Chordette, l’entreprise de pilonnage est sans pitié et le résultat plus que douteux. Alors cet mixtape est gratuite et c’est toujours intéressant de se retrouver avec ce type de support sans avoir à lâcher un billet, mais la contradiction est aberrante : comment se dire gardien d’un certain esprit et lâcher à son public, en majorité néophyte en matière de rap, une mixtape où la production est aux antipodes de l’esprit old-school dont ils se revendiquent les seuls héritiers ?
J'crois qu'le truc est finit et vas-y faut pas qu'ça dure 32 ans non plus, la tape était bonne en plus, on va pas vous niquer le délire avec un sale truc.
Si tout donne à croire dans le packaging à un e-EP alors vous faites fausse route car au fond cette galette est bel et bien une mixtape. En clair, il devient alors très dur de critiquer les prestations egotrip et freestyle d’Alpha Wann et Nekfeu contrairement au format EP qu’était la Source. La présentation mixtape est donc une bonne porte de sortie pour cette nouvelle vague qui a du mal à couper le cordon ombilicale qui les relie à leurs premiers amours : les open mics et plus généralement la scène. On pourra quand même de nouveau pointer leur hyper activité lyricale qui les empêche de rapper sur une thématiques plus de 3 lignes exception faite sur du Sexe Opposé où les deux larrons tiennent la mesure sur l’ensemble (surtout Nekfeu qui semble vraiment axé sur le sujet et le sexe en général). Dommage donc encore une fois que le fond ne soit pas présent et qu’il fasse attendre le refrain pour se rappeler la thématique (à ce rythme autant nommer les titres freestyle#1, etc…)
Mais pas de chorizo dans mon pain
Alpha Wann est surement le membre le plus décrié du crew de part sa ressemblance vraiment trop proche de la légende du Hip-Hop français Dany Dan. Et rien que pour ça, il faut admettre qu’il prend sévèrement cher alors que de l’autre côté de l’Atlantique le natif du Queens Action Bronson est applaudi pour son flow proche de celui de Ghostface Killah. Ajoutons à cela que la rumeur voudrait que Nekfeu soit numéro un en termes de flow et de paroles donc forcément la décapitation reste d’actualité. Rien du tout au final et bien au contraire puisqu’Alpha Wann vole la vedette à son compère. Aucune amélioration constatée chez lui mais une décontraction sur ce type de support contrairement à un Nekfeu très loin d’être drôle et qui semble s’emmerder tout le long (ce qui donne une certaine réciprocité puisqu’on s’emmerde bien en l’écoutant)
On arrive aux portes du succès avec nos ganaches de gamins
On pourra débattre des heures du mérite ou non de leur succès, en attendant leurs pages Facebook restent bien remplies comme les salles provinciales pendant leur tournée. En terme purement rap, tout reste à faire, de minis projets, en mixtape les gamins du sud parisiens n’ont toujours pas confirmé et donnent ainsi du grain à moudre à leur détracteur. Mais quel intérêt porté à ces critiques quand le 1995 gagnent le prix du meilleur groupe sur un sondage de la radio nationale spécialisée alors qu’ils n’y sont pas programmés ? Pas de t’minik sur BBC, l’élixir fixe 100 000 visites en moyenne sur mon facebook…
Chronique signée Drill