« Au début je voulais faire un bouquin, pas du rap ». MC Jean Gab’1.
Le mec à l’ancienne fait encore parler de lui. Mais cette fois-ci avec un nouvel album. MC Jean Gab’1 a atterrit dans le rap par hasard. Il n’est pas vraiment un rappeur et il le dit lui-même. Alors qu’il avait prévu de kidnapper la chanteuse Catherine Ringer des Rita Mitsouko, il croisa le chemin de Doc Gynéco qui le sollicite pour poser sur sa compile. C’est donc en 1998 que MC Jean Gab’1 fait son apparition dans le rap français sur les Liaisons Dangereuses du doc. Mais là où il va réellement se faire remarquer c’est en 2002 lorsqu’il sort son fameux Je t’emmerde sur lequel il se met à clasher bon nombre de rappeurs (NTM, Arsenik, Booba ou Kery James entre autres)… on connaît la suite. En 2010, il revient avec un deuxième album, Seul… Je t’emmerde. A la lecture du titre, on pourrait s’attendre à ce qu’il récidive dans ses clashs, mais il n’en est pas du tout question. A part une petite pique isolé, le rappeur reste tranquille. Et comme dans son premier album, il a des choses plus sérieuses à dire que de déblatérer contre ses confrères dans le métier. Voilà donc l’autre emmerdeur qui revient, seul cette fois.
Seul ? Non, il ne l’est pas tout à fait. Il s’est entouré de pas mal de monde pour concocter son produit. Remarque : on peut noter la fin de sa collaboration avec Dj Ol’tenzano. De nouvelles connections se proposent donc à lui. Tout d’abord on retrouve Zoxea le sage poète qui vient de la rue, et qui réalise quelques titres de l’album : La marseillaise, Seul, Cabouche. D’autres producteurs sont aussi présents à l’appel tels que Twelve, Sofly, Dream Touch (qui a aussi produit pour Booba), Bennouya et Khaled. Avec autant de compositeurs on comprend mieux pourquoi l’album est très hétérogène. Certes il y a du rap, mais aussi de la dancehall avec le morceau Pariskington où Bounty Killer vient chauffer le dancefloor. Et d’autres styles dont il est difficile de mettre une étiquette dessus, où seul des mectons comme les Daft Punk pourraient nous éclairer sur ces genres musicaux. Allez on va dire que c’est de la house-pop-electro-dance pour faire un mix de tout cela. Vous jugerez par vous-même en écoutant Adrénaline ou Eight one qui lui reprend le sample de Yazoo, Don’t go un des gros tubes années 80. En tout cas on sent de sa part une envie de changer d’univers et d’explorer autres choses. MC Jean Gab’1 reste fidèle à lui-même. Il garde toujours cette façon de rapper qui se reconnaît parmi mille autres. Ce qui est embêtant ici, c’est ce coté mou qu’il a parfois et qui peut contraster avec l’énergie dégagée par l’instru. On sent un manque de rythme dans sa voix par moment lorsqu’il rappe. Rapper, il ne le fait peut être pas dans les temps, mais en tout cas ses chants (refrains) sont parfaitement en accord avec les instrus. Sur certains morceaux cela passe impeccablement et donnera même ce petit truc en plus qui rendra le morceau plaisant. Comme par exemple Le monde civilisé, ou Mon paradis. Mais cela n’empêche pas que sur certains titres, il réussi à poser des couplets convenables. Sur Pariskinsgton par exemple où il ne laisse pas l’ambiance retombé. Mais là on va plus l’attendre, c’est sur ce qu’il a à dire. Il y aura ceux qui attendent le énième clash contre x et ceux qui s’attendent à un deuxième exemplaire de Ma vie. Mc Jean Gab’1 parle beaucoup de lui-même, de sa vie personnelle. Mais paradoxalement c’est son coté humoristique et provocateur qu’il met en avant. Le premier extrait de cet album, Cabouche nous en dit un peu sur sa démarche commerciale. On aurait plus aimé voir un titre comme Enfin être mis en valeur, un titre beaucoup plus intéressant où il se confesse sur sa découverte de l’Afrique à la quarantaine passée. Son vécu, voilà sur quoi il se base pour écrire son album. On peut qualifier son rap comme un livre parlé. Pas de rimes, en tout cas très peu, et ceci avec l’argot qu’on lui connaît. Ses textes sont parfois un peu difficiles à saisir dès les premières écoutes, mais au fil du temps le style MC Jean Gab’1 nous embarque avec lui.
Cet album de MC Jean Gab’1 va sans doute déstabiliser ceux qui ont apprécié son premier opus. D’une part à cause des productions qui s’éloignent beaucoup du rap pour la plupart mais aussi d’autre part l’apport de chant qui est parfois un peu étrange. Le rappeur a sans doute voulu innover en quelque sorte. Là où il rendra une bonne copie c’est bien sûr au niveau de sa façon d’aborder les choses, contrairement aux instrumentaux qui pour beaucoup plombent un peu la qualité du disque. Ceux qui admirent un peu le bonhomme y trouveront forcément quelques bonnes choses, les autres passeront sans doute leur chemin. Mais Seul… Je t’emmerde reste un album correct dans l’ensemble si on prend le temps de bien l’analyser.
Les 5 meilleurs titres pour ma part : Seul, Enfin, Kyser, Blablabla, Le monde civilisé.
12,5/20
A suivre : la chronique de La Bande à part - 1ere mi temps