Le rap français depuis ces derniers années est en quête d’une nouvelle identité comme je le disais dans une autre chronique. Après avoir passé du dirty il y a quelques années, au vocodeur et sa sauce américaine plus récemment, des rappeurs veulent refaire découvrir le rap français tel qu’on l’a savourer au mieux de sa forme. La Rancune fait partie de l’un de ces groupes qui puisent sa source dans les années 90. D’ailleurs depuis quelques temps même le public semble se dire que le rap commence à rebattre d’une aile mais toujours en proclamant haut et fort que le rap était mieux avant. Le rap de La Rancune suit cette base de la simplicité : un micro, un beat samplé et des lyrics faciles, juste ce qu’il faut pour faire passer son message. C'est-à-dire ce qu’est le rap à la base, une chose simple. Alors que d’autres se cassent la tête pour faire une musique compliquée et écrire des textes que même Jean D’Ormesson ne serait comprendre, La Rancune fait les choses à fond mais naturellement. Les deux rappeurs du groupe, Corbac et Tabass nous viennent tout droit de Lyon, et plus exactement de Vaulx en Velin. Après quelques années de travaillent ils nous livrent leur premier « street » album : Mauvais garçons. Un son hip hop qui sonne comme à l’époque, voilà comment on peut résumer La Rancune. On ne va pas reproduire un énième dessin pour expliquer ce que c’était le rap de la génération de l’âge d’or. Vous serez donc à quoi vous attendre à l’écoute de leur album.
Les deux rappeurs dégagent une fierté à nous proposer leur musique. Les mecs sont des hyperactifs. On sent que griffonner sur du papier c’est leur truc. On a droit à des couplets taillés sur mesure. En effet on peut retrouver des titres avec des couplets de 40 mesures sans que cela ne lasse. Mais aussi « kicker » au microphone, est un point qu’ils ne négligent pas. De plus le flow de Tabass est remarquable, il aurait parfaitement sa place aux cotés de ces rappeurs qui ne savent plus respirer à force de dégainer lyricalement leurs écrits. La Rancune est nouveau dans le paysage français, mais aussi les invités de l’album à l’exception de Casus Belli. Le rencontre avec ce dernier s’est fait via internet. Comme quoi avec le net tout est possible. On le retrouve donc sur On fait les choses à fond. Le titre est une rafale de mesures enchaînées comme si les rappeurs avaient des fusées dans le gosier. L’autre invité à qui on peut mettre un gros point d’honneur est la chanteuse Lysia. Sa voix, sa façon de chanter qui se différencie de toutes ses chanteuses et loveuses du moment, ses chœurs apportent des plus à l’album. Sur Mauvais garçons, Bien ou mal et Mama ses chants sont complètement en accord avec l’instrumental. Tous les ingrédients sont présents pour harmoniser l’album. Des titres très mélodieux tantôt mélancolique et tantôt dynamique. Sans oublier les scratchs qui viennent apporter un plus à certains morceaux. Tout ceci orchestrer par les producteurs : Bim Bastard, Byl K, All Round ou encore Urban Generation qui n’ont pas troqué leurs samplers pour des « loops fruités ».
Depuis des années pas un groupe n’est revenu entièrement sur les pas du rap français comme celui de La Rancune. Si cet album était sorti à l’époque où les Iam et NTM étaient encore les patrons du rap, où même les rappeurs de l’underground arrivaient à grailler un disque d’argent (équivalent à l’or aujourd’hui), La Rancune aurait sans doute une grosse part du gâteau. Mais l’album sort en 2010, et ceci est une autre histoire. Mauvais garçon est un album qui sue le hip hop a plein nez. Ceux qui ont apprécié ces années où le rap faisait encore danser les bboys sous les halls d’immeubles, apprécieront normalement cet album.
PS : Si vous passez par le 69120 n’oubliez pas de passer par le marché aux puces histoire de faire quelques emplettes.
Les 5 meilleurs titres pour ma part : Mauvais Garçon, Mama, On fait les choses à fond, 69120, Vaulx en Velin
16/20
1er Extrait : La Rancune - Mauvais garçons feat Lysia (bientôt le clip)