Fenek ou celui qui veut faire son trou avec un blaze de « merde », voilà comment il se présente lui-même. Fenek est un rappeur qui nous vient de Lille. Son premier album, Enfant(s) perdu(s) était déjà disponible depuis quelques mois directement chez l’intéressé, mais c’est seulement ce mois ci que l’album sort dans les "back" comme on le dit si bien. Malgré 15 titres affichés sur le disque, l’album ressemble plus à un Ep ou un mini album. En effet, on peut constater un bon nombre d’interludes ajoutés à l’intro et l’outro. Mais on verra que les interludes ne sont pas à négliger ici.
L’album est très sombre. Ce n’est pas la joie du coté de Fenek. L’homme va plus loin que l’auto dérision des fois. Il parle de lui-même, de sa vie comme étant un presque fardeau. Je me demande s’il n’est pas un peu maso sur les bords à se descendre lui-même comme ça. Le thème de l’album est donc posé. Mais ne croyez pas que vous allez verser une larme en parcourant l’opus. Sa façon d’écrire ne vous donnera pas le temps de mouiller le parquet. La plume de Fenek est très bien soignée. Et on y prêtera beaucoup d'attention à l'écoute. Fenek ou comment rapper avec des mots simples, des faits réalistes et maniés de façon subtile, voilà comment je le présenterais.
« Je me dis que c’est sûrement l’sort si je sort que tout le monde rentre et que je ne rentre pas la où tout le monde sort. »
A l’écouter on le sent un peu sur le recul voire solitaire et pourtant Fenek ne fait pas sa route seul sur cet album. Il est accompagné de deux collègue lillois : Khemis sur Ouvert la nuit et Ali qui est appelé pour un entracte. D’ailleurs concernant Khemis, un mec triste dont le destin l’a mis dans le son, il nous fait part aussi d’un interlude Avant la fin qui nous laisse « effectivement » sur notre faim. Ce titre fait-il parti d’un projet à venir ? On se tiendra au courant pour la suite.
Pour terminer l’album, le rappeur tout comme Sheryo s’identifie à une réplique culte de L’Associé du diable. Une réplique qui va dans le sens contraire de sa description tout au long d’Enfant(s) perdu(s). Mais au fond la question à se poser c’est pour qui et pourquoi ce monologue de John Milton (Al Pacino)?
« Ne sois pas sûr de toi comme ça petit. Même si t'es l'meilleur. »
Concernant les musiques de l’album, elles sont bien peaufinées. Même si le ton est donné par ce qui se dégage les lyrics, les instrus ne sont pas pour autant si triste. Demain j’arrête par exemple, construit sur un rythme bien cadencé et une basse qui fait grincé les enceintes. Mais il y aura toujours cet échantillon de mélancolie qui sera ajouté à tous les morceaux. Ce qui fait aussi plaisir dans ces productions, ce sont les soupçons de scratchs qu’on peut retrouver dans certains titres comme Trop fort pour qui j’suis ou De la pire espèce.
Cet album ne peut faire que du bien au rap en France aujourd’hui, de plus que cela vient de Lille. On sort alors un peu des capitales du rap français que sont Paris et Marseille. On pourrait comparer Fenek à Flynt dans le style. Ils se rapprochent beaucoup par leurs flows et même par leurs manières d’écrire qui sont assez similaires. Il ne faut surtout pas s’arrêter à cette facette que l’artiste délivre, triste certes, mais la forme est très intéressante.
Mes 5 titres préférés : Enfant perdu, Ouvert la nuit, De la pire espèce, Entre rêve et réalité, Trop fort pour qui j’suis.
14/20
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