Casey n’en est pas à ses débuts dans le paysage rapologigue français. La première pierre de son parcours a été posée en 1995. On peut dire que cela remonte à loin et que depuis, elle a bien roulé sa bosse tout au long de son son histoire dans le rap. Avec des apparitions sur des projets qui aujourd’hui sont incontournables : Première Classe, L432 et des collaborations avec divers artistes tels que La Clinique ou Les Nubians, elle avait de quoi exceller par son art. D’autant plus quand on sait qu’elle a faillit poser sur l’album des Suprême NTM, elle aurait pu être révélée au grand jour. Mais c’est dans l’underground qu’elle préfère s’exprimer et continuer sa route. Sa rencontre avec Anfalsh va changer radicalement son parcours. Avec des rappeurs comme La Rumeur ou Sheryo, la rappeuse tient un autre discours situé entre clash et banlieusard. Il faudra attendre 10 ans pour qu’elle accouche de son premier bébé musical : « Tragédie d’une trajectoire ». Et c’est en 2010 qu’elle revient avec « Libérez la bête ». Le titre est déjà évocateur. On sent une Casey qui a beaucoup de choses à dire. Et c’est en ce jour de la femme qu’elle décide de le faire en sortant ce dernier album.
Les productions assurées par Laloo et Héry sont simplistes, un beat un sample et le tour est joué. Il faut dire que le style colle bien à la peau de Casey. Mais l’album se veut sombre à tuer une deuxième fois un homme déjà mort. Les compositions n’évoluent guère. Le coté trop sombre joue de manière négative sur ce deuxième album. Depuis quelques temps Casey surfe sur cette piste sans vouloir changer de vague. Cet album n’a pas pour but de nous amener du soleil, loin de là. Mais une noirceur qui peut lasser voire déplaire à certains. Le fond n’est pas vraiment attrayant alors que la forme est taillée comme il le faut. On voit qu’elle a pris du temps pour peaufiner ses textes. En l’écoutant, on sent un renouveau dans son style d’écriture. Un genre qui semble plutôt tiré son épingle du jeu grâce à un dictionnaire des rimes. Mais cela n’est pas un mal, au contraire, à l’aide de cette bible du parfait poète, les textes de notre chère Cathy Palenne sont mis beaucoup plus en avant. Mais, encore et toujours un mais, son point faible c’est de trop tourner en rond. Elle écrit beaucoup de choses pour à la fin dire la même chose. Bref, il n’y a aucune surprise venant d’elle sur cet album. On dira que c’est dans la continuité de « Tragédie d’une trajectoire », mais cela n’est pas une raison pour rester figé sur les mêmes thématiques. On ne souhaite pas non plus un Casey festive rassurez-vous.
Sur cet opus on a l’impression que Casey vient juste de trouver son style techniquement parlant. Depuis son dernier album la rappeuse semble savoir où elle va. Ses projets sont de plus en plus constructifs. Et elle ne fait que s’améliorer. En plus de sa façon d’écrire, les moindres détails de son flow sont retravaillés. Sur ce bon point « Libérez la bête » aurait pu être « the album of Casey ». Mais le manque de diversité dans les instrus et la redondance de ses textes ne nous font pas vraiment décoller. Alors que sur son précédent album elle nous avait montré plusieurs et bonne facette d’elle, ici elle sombre dans un univers plus ou moins ennuyeux à la longue. Il est préférable de faire des écoutes par parties pour en apprécier le contenu dans sa globalité. Beaucoup trouveront satisfaction en découvrant cet album. Le coté sombre a aussi son public. La sonorité hip hop est bien présente sur cette galette. On regrettera juste l’absence d’un dj pour poser ses marques comme ça été le cas sur « Tragédie d’une trajectoire ».
PS : Remarquons que Brassens n’a jamais changé de style et ce n’est pas pour autant qu’on dit de lui que c’est un mauvais artiste. Mais on peut dire aussi que, Sinik n’a jamais changé de style non plus, et ce n’est pas pour autant qu’on dit de lui que c’est un bon rappeur. Chacun prendra la phrase qu’il veut pour en faire sa propre conclusion.
Les 5 meilleurs titres pour ma part : Rêves illimités, Regard glacé, Marié aux tours, Primates des caraïbes, Libérez la bête.
13/20