Le rapport fraternel a toujours été présent dans le rap. Comme on dit le rap c’est une affaire de famille. Il y a souvent eu derrière certains rappeurs, le frangin qui essaie de faire son bout de chemin avec plus ou moins de réussite. Comme exemple on pourrait citer : Faf la rage (Shurik’n), Ikbal (Rohff) ou encore les Arsenik ou 2Bal. Et voilà que plus récemment un petit nouveau se fait connaître, Canardo qui n’est autre que le frère de La fouine. Beat maker à la base, il a notamment réalisé les productions des projets et album de La Fouine ainsi que pour d’autres rappeurs tels que Salif ou Disiz la peste. C’est derrière le microphone qu’il se taille désormais un chemin. Apres le succès de son duo avec son frère Hamdoullah ca va, il sort son premier album Papillon. Il aurait pu composer intégralement son album lui-même, mais il décide aussi de se faire aider par Cutee B et Animal Son. Réussira-t-il à s’imposer comme l’un des nouveaux leader dans ce qu’est devenue la musique urbaine ? La première remarque qu’on peut faire concernant cet album, c’est la diversité musicale qu’il nous offre. On pourrait alors se demander s’il faut classer ce disque dans la catégorie rap. En effet si on écoute de plus près le résultat, on constate que Canardo jongle entre plusieurs styles, et le rap n’est qu’en partie présent. On a comme cette impression que l’artiste ne veut pas se cataloguer dans un domaine précis. On nage entre du rap, du r’n’b, de la house, de la musique électro et même du reggae. Ne saurait-il plus sur quoi pousser la chansonnette ?
Canardo rappeur ou chanteur?
En tant que rappeur Canardo est en quelque sorte une contrefaçon de son propre frère. Effectivement à entendre l’homme rapper, on ne peut s’empêcher de se dire que pomme C pomme V ça existe sur tous les terrains. Si vous en doutez, tendez l’oreille sur Je ne perds pas le nord. On peut également le retrouver en étant rappeur sur les titres Bismillah et Chant du ghetto. Il est plutôt un rappeur qui n’attire vraiment pas l’attention. Ses performances restent limitées. On comprend qu’il n’ait pas suivi cette unique ligne directrice pour son album. C’est surtout dans le chant que Canardo va en grande partie s’illustrer. Mais il y aura comme un hic : l’utilisation excessive de l’autotune. On a droit à plusieurs morceaux où il se fait travestir la voix tout au long du son comme par exemple Petit enfant soldat ou Christelle. Le problème vient surtout du fait que le vocodeur est mal géré et ne donne pas vraiment de la qualité aux morceaux. Un titre comme Priorité est bien produit mais gâché par cet outil sans intérêt sur le morceau entier. Pourtant sans cet artifice de faux chanteur Canardo montre qu’il sait maîtriser sa voix convenablement. Ailleurs, un morceau sans aucun subterfuge dans lequel on retrouve un bon Canardo. Et d’ailleurs (justement) c’est le meilleur titre de l’album, comme quoi en restant naturel on peut bien faire.
Canardo sur les traces de David Guetta ou Bob Marley ?
Lorsqu’un rappeur se met le temps d’un instant à faire de la house, il risque de se faire chambrer par le public rap en manque d’ouverture d’esprit musicale. Demander à Mac Tyer il vous le confirmera. Il y a quand même du bon dans ce domaine, Hors de contrôle sort du lot, avec un air de Stromae dans les couplets, le morceau reste agréable à écouter. Il est même taillé pour faire bouger toute la plage d’Ibiza. Mais une fois de plus on pensera à ce fameux copier coller inventé par je ne sais qui. On note également le bon titre Inchallah qu’aurait pu produire Melissa Mars, mais Cutee B s’en ait chargé. En tout cas le morceau s’avère bon aussi. Dans un autre registre Canardo s’essaie ou devrait-on plutôt dire tente de s’essayer sur un titre reggae : Papillon. Imaginez un instant ce que cela peut donner un mélange de reggae et d’autotune. Bob Marley doit se retourner dans sa tombe à chaque fois que ce titre est joué. Pour faire bref ce titre sera à oublier.
Papillon est un album qui est surtout basé sur l’autotune, si vous en êtes allergique alors cet album n’est pas fait pour vous. Mais on peut se demander cet album au final est fait pour qui ? Vu le nombre de style contenu dans cet opus, on ne sait pas vraiment qui est visé par Canardo. Cela peut lui être un désavantage pour pouvoir conquérir un public et ainsi se creuser une place en pleine lumière. On ne retiendra pas beaucoup de chose de cet album à part ses tentatives de surfer sur divers horizons. L’ensemble est du déjà entendu, il est difficile de trouver quelques choses d’innovateur dans cet album. Mais quelques titres nous laissent penser tout de même qu’il a un certain talent lorsque les choses sont bien réalisées. Et il faudrait peut être aussi laisser de coté cette obsession de l’autotune qui peut faire l’effet inverse de l’effet souhaité.
Les 5 meilleurs titres pour ma part : Ailleurs, Hors de contrôle, Inchallah, Je ne perds pas le nord, Priorité.
10,5/20