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Inglourious Bastardz [Chronique]

« Du Plat Pays à la Suisse en passant par l'Hexagone, l'avenir se forge, l'union fait la force de cet album » L'Hexaler.

Il fût une fois où le rap était une histoire de famille. De Paris à Marseille, les communautés se formaient, les rappeurs se rassemblaient afin de donner une harmonie au rap. La mode du name dropping était même à son apogée, un petit signe de la voix en fin de morceaux à ses compères se faisait naturellement. Toutefois il fût aussi un temps où chacun n'en tenait qu'à leur tête. Les années 2000 signaient surtout la séparation des groupes tels Lunatic, La Cliqua, la Fonky Family, KDD, IV My People, La Brigade, les Saian Supa Crew, nous n'en citerons pas plus, la liste est bien trop longue. Mais depuis quelques temps certains ont remis au goût du jour cette notion de camaraderie entre rappeurs. Et on doit cela à ces jeunes talents qui font surface. Entre deux freestyles réunissant des confrères rapologiques, certains trouvent le temps de monter des projets entre eux. Lorsqu'on voit des nouveaux artistes sans grand moyen voulant rassembler une multitude de Mc sur une seule compile, nous pouvons que saluer le geste malgré que tout cela reste pour l'instant underground.

« Et si on montait un projet commun tous ensemble ? », voilà ce que lance le rappeur toulousain Barbarossa à ses acolytes après un concert en Suisse. Ce n'est pas exactement ses mots, mais l'idée principale est là. Suisses, français et belges répondent alors présent pour ce qui s'appellera : Inglourious Bastardz. Et similairement au projet Diversidad, la difficulté est de réunir tous ce beau monde au même instant afin de façonner le produit. Tout s'est donc passé en une semaine afin de réaliser, écrire et enregistrer tous les morceaux. Vu le résultat nous pouvons encore une fois saluer le geste. D'ailleurs celui qui se fait le plus remarquer sur cet opus est Barbe Rousse lui-même. D'une part de sa voix rauque, un renard crevé dans la gorge, qui se marie bien avec les instrumentaux proposés. Et d'autre part, par sa présence sur quasiment tous les titres. Malgré son omniprésence, il est difficile de ne pas mentionner Swift Guad, peu existant mais d'une efficacité mémorable à chacune de ses apparitions. Et également Jeff le Nerf celui qui rap sans cinoche apporte son expérience communautaire de IV My People. N'oublions pas d'évoquer les autres salopards de ce projets : 10vers & Neka (Toulouse), Scylla (Bruxelles), Amanite (Genève), Sendo, L'Hexaler (Liège), M Etik (Genève), Menshen (Genève), Abrazif (Toulous), L'oncle Tom, Naz K, Esskahipe (Toulouse) et les Djs Vice et Toots. Ce projet est donc une opportunité afin de mettre en avant le rap suisse et belge en France, à l'instar d'un Sentin'l qui essaie de se faire connaître à un plus grand public.

Dans cet album les éléments représentant le vrai hip hop sont bien présents : beat imposant, sample et scratchs. Les bonhommes font ici dans le hardcore coté musical. Et cela sans se perdre dans la grossièreté dans leurs textes. Ceux qui s'attendent à du rap tout public chantonné par une certaine 'sexion'  de boys band seront évidemment déçu à l'écoute. Pas le temps de papoter sur le beau temps qu'il peut faire dans les Dom Tom, les Inglourious Bastardz mettent surtout en avant une face sombre qui se dégage tout au long de l'album. Cela se ressent essentiellement dans leurs dires que par les instrumentaux, excepté « Ma thérapie », une mélopée douce emporté par un sample vocal qui ne nous laissera pas de marbre. En effet les rappeurs dévoilent leurs sentiments plus ou moins intimes. Ils utilisent leurs vécus comme thématiques de ce projet. Les intitulés des sons en disent longs sur quoi s'attendre comme sujet « Je me suis fait seul », « Ça n'a pas de sens », « Un dernier tour de piste ». Cela fait plus de 20 ans que le rap en France a vu le jour, et comme à ses débuts les mêmes constatations de vie sociale reviennent. Si beaucoup de rappeurs évitent désormais de parler de cela, les bâtards sans gloire ne le voit pas de cette façon. Et nul besoin de lire entre les lignes, les rappeurs mettent le problème sur la table, comme exemple « J'commence ma journée » : « J'entame ma journée comme un gosse perdu, je ne bosse même plus ». Mais au delà de cela, les artistes ont pour mission de rapper, de débiter des mots à la chaîne, noirceur ou pas. Ce qui donne parfois ce coté freestyle sur plusieurs morceaux tels « Je rentre dans le rap » ou « Hommage » qui termine l'album en beauté.

« Inglourious Bastardz », suit la lancée entamé par les cinq clips édités avant la sortie de l'album. C'est à dire des morceaux reflétant la réalité de nos rappeurs underground. Le coté hip hop s'entend et cela fera plaisir aux puristes avant tout. Même si certains avanceront que les dires des rappeurs sont redondants, cela n'enlève en rien à la qualité musicale du projet. Et n'oublions pas que ces rappeurs là rappent sans gloire. Il ne faut donc pas s'attendre à se laisser aller à des pass-pass sur le parquet du salon, bande de bâtards !

Les cinq meilleurs titres pour ma part : Je commence ma journée, Ma thérapie, J'arrive à pic, Déambulation, Fugitif

15/20

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