Alonzo - Les Temps Modernes [Chronique]

Apres Soprano, le 2e psychiatre de la rime, el Segnor Alonzo sort son album solo. Le message était déjà lancé depuis l’année dernière avec sa mixtape, Un dernier coup d’œil dans le rétroviseur , Alonzo arrive bientôt avec son album. Pendant que Soprano se fait de plus en plus petit, et oui le MC des featuring de ces dernières années n’a pas donné signe de vie vocalement parlant depuis plusieurs mois, Alonzo en profite donc pour sortir un peu de l’ombre. Au fond on sait que sait un peu calculer non ? Donc pour commencer cette année 2010, Alonzo offre au public son tout premier album solo Les Temps Modernes, titre faisant allusion au film de Charlie Chaplin que je n’ai malheureusement pas vu. Je ne ferai donc aucun lien entre le film et l’album.

Intéressons nous à cet album. Vu le nombre de producteur qui a participé à cet album, on n’est donc pas étonné de constater d’aucun air de ressemblance entre chaque titre. Les Temps Modernes est très diversifié. On retrouve donc plusieurs styles pour ce qui est des instrumentaux. Des morceaux pour donner la patate à faire réveiller un mort comme Enorme, sur lequel Alonzo montre que, quand il veut il peut poser avec un flow avec beaucoup de vélocité. Ou bien Physio, un titre à prendre au second degré où le rappeur du Plan d’Aou s’amuse à parodier les discothèques. Et on notera la petite allusion (qui fera sourire certains) à la fin du morceau à une certaine bitch bourgeoise. D’autres titres sont plus calmes, plus poser tel Braquage vocal, qui ouvre le bal des Temps Modernes. Alonzo fait passer son message, et met les choses au clair sur le rap, son statut de rappeur et d’homme tout simplement. Et encore plus posé, Chacun Son Vice où le rappeur parcours le beat de façon nonchalant, et de plus très bien maîtrisé. Un album éclectique qui pourrait ravir ou décevoir selon la personne. Effectivement on peut se dire que l’avantage de cet opus c’est de nous faire part d’un menu vaste dans lequel on aura le choix pour nos oreilles, et ceci ne sera pas pour déplaire à beaucoup. Et paradoxalement on pourrait se dire qu’il n’a pas trouvé son style pour un premier album, alors il se lance dans diverses voies sans savoir où il va vraiment. En tout cas dans les deux cas, on relèvera le bon travail de ses producteurs : Gee Futuristic, Spike Miller, Yvan ou Sya Style pour en citer quelques uns.

Ajouté au fait qu’il sait fait aider par bon nombre de compositeurs, il est également accompagné par des invités qui apportent de bonnes choses à son album. A commencer par Salif qui lâche un long couplet très plaisant sur Dramatik Musik, un couplet à ce que l’on dit qui devrait être sur son dernier album sorti il y a quelques mois. S’en suit Ekila, une petite nouvelle dans la musique qui vient ajouter son empreinte vocale sur Chacun son vice, un refrain qui se marie bien au son. Et en parlant de refrain, Francisco apporte aussi sa touche personnelle sur Top Gun, un des meilleurs titres de l’album. Alonzo donne aussi sa chance à des rappeurs méconnus comme Lygne 26, Sale Equipe et Ghost Dog.

A ce qui parait un rap marseillais sans son quart d’heure de tristesse est impossible. Les temps modernes ne déroge pas à la règle. Et pour ce faire, il n’y a rien de mieux qu’une bonne boucle de piano. Sur C’est Vrai, un titre regroupant les 3 compères du Psy4, les couplets sont bien gérés. Mais depuis quelques temps on aimerait entendre autre chose que des larmes de la part d’eux. Un style qui pourrait lasser ou qui lasse déjà qui sait. Mais Alonzo en solo sonne autrement. Sexe Drogue Et Rap’n’roll sort du lot sur cet album. Le refrain malgré qu’il soit un peu particulier contenu du chant (mieux vaut qu’il évite la star académie) donne au morceau toute son originalité. Vaut mieux ça que ces rappeurs ne savant pas chanter et se shootant au vocoder. Pour finir ce quart d’heure d’émotion, Abstrait, un titre poignant, mais qui prend du temps à démarrer musicalement et textuellement. La réalisation de ce titre est-elle à revoir ? Cela n’est que mon avis.

De façon générale, Alonzo maîtrise bien son sujet. Il met son flow en avant pendant tout le disque en dépit du texte. On a l’impression qu’il a du prendre du plaisir à poser sur tous ses titres en l’écoutant. Même sur un titre qui n’a aucun intérêt et médiocre comme Guardia Civil, le mec se défonce quand même au micro. Un point négatif, parfois on a l’impression qu’il se prend pour un de ces américains, en empruntant leur mimique vocale (Broly par exemple) qui ne lui va pas du tout. Les Temps modernes est un bon album au final. Alonzo dégage une bonne impression après ce premier test. Akhenaton résume bien les choses dans l’interlude de cet album : « Tu trouveras des contradictions dans cet album. Comme dans les Temps Modernes d’ailleurs... »

Alors après Soprano, est ce qu’il sera le futur rappeur à la mode qu’on appellera pour les featuring ?


Mes 5 titres préférés : Dramatik music, Chacun son vice, Braquage vocal, Top gun, Le couz.

14/20