« Les potes disent que je change, moi je dis que j’évolue. » Orelsan
Fini le mecton perdu d’avance, la crainte de l’échec laissée au passé Orelsan fait parti de ceux qui regardent désormais par-dessus leurs épaules. Sa crise d’adolescent terminée, le rappeur procède dorénavant à une évolution dans ses actes. Rappelons que c’est avec ses allures de geek passant son temps à lâcher des insanités sur le net qu’il se fait connaitre. En effet c’est dans la peau d’un Batman que bon nombre d’entre nous vont finir par le découvrir. Ainsi aussi rapide qu’un passage de témoin lors d’un relais, ce sobriquet d’ « Orelsan » circule d’oreille à oreille. Sa popularité s’amplifie donc, mais c’est surtout sa grossièreté mise en avant qui est la raison de sa médiatisation. Ce buzz lui permet de trouver les moyens de faire naitre son premier album « Perdu d’avance » destiné à un modeste succès. Par la suite un nouvel épisode l’attend, certaines Chiennes n’hésiteront pas à sortir les crocs afin de l’interdire de scène. Malgré ces difficultés rencontrées et une image dénaturée, cela n’empêche pas le bonhomme de continuer à jouer le bâtard de service envers les femmes auprès de Jena Lee ou Nessbeal. Tout cela nous donne l’impression qu’Orelsan ne sait rien faire d’autre, rien dire d’autre, et tel un plongeur de resto sa tâche est de côtoyer toujours la même crasse. Et pourtant ce mec est présenté comme l’un des futurs talents du rap français selon les bruits de couloirs. Mais lorsqu’on n’est incapable de changer de sujet, parler d’autre chose que de ces enfantillages blatérés tout le long de son premier opus, qui en passant porte un nom qui lui va si bien, peut on qualifier cet énergumène de futur talent ?
Ce nouvel album intitulé « Le Chant des sirènes » pour le coup, est structuré en plusieurs angles. Le premier aspect qui en ressort est la sonorité suave d’une bonne partie de l’ensemble. Comme exemple « La terre est ronde », « La chant des sirènes », « La petite marchande de porte-clefs » ou encore « Si seul » et « La morale ». Des titres confectionnés qui réussissent même à séduire les détracteurs de la musique urbaine. Mais là où le rappeur nous épatera le plus restera ses dires. Fini les histoires de gamins, Orelsan a enfin des choses intéressantes à nous proposer. Commençons tout d’abord par le titre le plus spectaculaire : « La Petite marchande de porte-clefs » ou comment raconter une salace histoire sur un air de comptine chinoise pour enfant. En effet Orelsan se livre à un story telling de qualité et nous conte là le reflet d’une réalité qui malheureusement est toujours d’actualité. Certains verront un soupçon d’humour dans ce drame mais au fond le rappeur voulait surtout dessiner le contraste entre une musique douce et l’attitude des hommes qui ont pour unique vision leur nombril… On a souvent tendance à comparer certains rappeurs à des artistes remarquables marquants d’une empreinte forte la musique française. Oxmo alias le Black Jack Brel, et fut un temps où Bruno Beausire était présenté comme nouveau Gainsbourg, ou encore dernièrement Seth Gueko à Jean-Marie Bigard. Orelsan quant à lui, sans en faire des tonnes, se la joue façon Balavoine avec le Chant des sirènes, la décadence d’une célébrité montante. De façon générale, Orelsan fait passer des messages sincères. L’artiste est d’une rationalité exemplaire et rappe avec serein. Mais une fois que le beat change de rythme, le ton du rappeur monte de plusieurs crans. Cela donnera une autre facette de l’album : enchainement de lyrics sans refrain et le tout sur un instrumental imposant tel que « Suicide Sociale », « Elle viendra quand même » et « Raelsan ». C’est dans la peau de ce dernier que le bougre décide de régler ses comptes avec celles qui lui ont causé des soucis. A la manière de Jimmy Punchline le rappeur enchaine ses phrasées chocs. C’est Diversidad qui marque le début de la métamorphose du rappeur. En lui mettant entre les mains la responsabilité de représenter le rap français sur un projet ambitieux. Grâce à cette expérience, il gagnera en maturité. Et cela va se ressentir dans ses textes. Pour cet album Orelsan use d’une écriture sans vulgarité mettant en avant des thématiques attachantes. Notons également une réalisation bien rodée marquée par exemple par le double combo : « Double vie » et « Finir mal » ainsi que « 1990 » et « 2010 », quatre titres qui charmeront plus d’un. Cependant entre tous ces titres le gars reste cool.
Si l’on considère l’Orelsan du début, il est quasiment sûr que beaucoup refuseront l’écoute de cet opus. Voire même plus, il y en a qui voudront toujours le boycotter. A noter qu’un certain Monsieur Didier Robert membre du parti UMP de l’île de la Réunion et quelques féministes isolées veulent encore mettre des bâtons dans les roues du rappeur en pensant qu’une pétition peut encore le faire interdire de scène. Cela n’empêchera pas Orelsan de rafler deux récompenses aux Victoires de la Musique : Révélation de l’année et Meilleur album de musique urbaine. Il n’est pas nécessaire d’en rajouter plus, l’artiste a su convaincre son public, un public qui lui a rendu la pareille. En effet, cet énergumène est bien un futur talent du rap français.
Les 5 meilleurs morceaux pour ma part : Elle viendra quand même, La terre est ronde, La petite marchande de porte-clefs, Finir mal, Le chant des sirènes
16/20
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