En ce début d’année, les bling bling ont été mis de coté. Avec des sorties comme celles de Rocé, Casey, Papillon ou Ahmad, c’est le rap tout simplement qui est mis en avant. Les Booba, Rohff et compagnie on les gardera pour finir l’année en « beauté ».
Intéressons nous cette fois-ci à Hocus Pocus. Hocus Pocus ? Non, non ce n’est pas une formule d’une sorcière bien aimée. Ni le titre du dernier film de Spielberg. Mais bel et bien un groupe de rap pour ceux qui ne le savaient pas. Depuis quelques temps le groupe prend de plus en plus de valeur au vu du grand public dans ce qu’on appelle le rap game (ou plutôt varièt) à la française. Après 73 touches, Place 54 voici leur 3e album : 16 pièces. On ne va pas jouer au numérologue alors entrons dans le vif du sujet, 16 Pièces fait référence aux 16 titres qui composent l’album. Ce nouvel opus est dans la lignée des précédents, c'est-à-dire un rap qu’ils ont saucé de jazz, soul et funk. Hocus Pocus est groupe passionné de musique et cela s’entend à travers ses albums.
En ce qui concerne l’album 16 pièces, les musiques sont bien réalisées. Il faut dire que le groupe est composé de vrais musiciens, une chose qui est rare dans le rap. Ceci est donc un moyen avantageux pour créer une meilleure harmonie entre chaque note de musique. Le jazz est omniprésent tout au long du disque. Un piano, une batterie, une basse et on se croirait à un bœuf orchestré par 20syl. Tantôt apaisant, tantôt percutant, les sons de l’album se veut divergents. Des titres comme A mi-chemin ou Signes des temps pencheront plus vers un coté rap alors que 100 grammes de peur ou I wanna know tendront plus vers de la soul music. Les aficionados de jazz trouveront forcément une petite jouissance dans cet album mais on ne pourra pas dire de même des amateurs de hip hop. En effet certains titres s’éloignent beaucoup de cet art de rue. On pourrait même douter de l’étiquette à donner à cet album. Toutefois on note des titres qui passeront à merveille même dans l’oreille d’un sourd. Signe de temps accompagné de J. Medeiros, dont le groupe en est à sa 2e collaboration avec le monsieur, et surtout son refrain scratché de Dj Greem qui donne tout son charme au morceau. (D’ailleurs on constate de plus en plus de scratchs qui reviennent aujourd’hui dans les projets qui sortent.) Au final, les 16 pièces ou plutôt les 13 pièces sont agilement fignolées. Et tout ceci donne une musicalité agréable dans l’ensemble.
En se reportant aux différents avis des auditeurs, on remarque que beaucoup de personnes ont du mal avec ce groupe. Est-ce le mélange jazz and rap ? Pas vraiment, vu que ce mix a été déjà concocté par d’autres rappeurs et bien accueilli par le public. Ce serait plutôt l’ennui (il n’y a pas d’autre mot) que peut dégager 20syl au micro. En effet le rappeur n’arrive pas à donner vie aux morceaux. Le manque de punch et de swing dans ses chants est évident. Il suffit d’écouter les featuring pour s’en rendre compte de la différence de ton entre lui et les autres. Ses convives apportent beaucoup plus à l’album sur un titre que lui sur toute la galette. Même en voulant donner du punch sur Le majeur qui me démange, cela ne passe pas. Accélérer une voiture de façon instantanée ne fait pas d’elle un bolide c’est sûr. On a l’impression qu’il ne met pas vraiment de rythme là où il en faut malgré un brin d’effort de sa part. Il est donc difficile d’écouter le chanteur d’un seul trait pendant tout le disque. Pourtant les morceaux comme Wooo, Beautiful losers ou encore Putain de mélodie sont bien patates. Musicalement il n’y a rien à dire, ça sonne parfaitement bien. Le hic viendra donc du rappeur par moment. Sa façon de s’approprier le mic se rapproche plus à du slam. Cela semble être une raison pour ce manque d’efficacité à faire bouger les têtes. C’est d’ailleurs dans ce style qu’on trouve un bon Sylvain. 25/06, l’hommage à Michael Jackson est une réussite sur un air de piano bar. Les amateurs de jazz apprécieront particulièrement ce titre.
Ce dernier album d’Hocus Pocus n’a rien de surprenant quand on a découvert les deux premiers. Si on a aimé Place 54 alors on aimera celui là. Et cela marche aussi dans son contraire. On aurait pu s s’attendre et même voulu une évolution de leur part. Mais le groupe préfère suivre la trace d’un disque d’or déjà obtenu grâce au précédent album. 16 pièces est donc une nouvelle occasion pour le groupe d’élargir son public. L’apport du renouvellement viendra des invités. C’est de ce coté qu’on pourra trouver une dissemblance entre les titres qui composent l’opus. Avec cet album, le groupe ne fera pas changer d’avis les haterz, mais risque bien de ratisser un public plus large.
Mes 5 titres préférés : Signes des temps, Equilibre, A mi-chemin, Wo:oo, Putain de mélodie
14/20