L’enfoiré le plus dingue de la planète nous revient en 2010 avec un nouveau projet. Quatre années après son dernier album en date, il nous propose « A la régulière ». Depuis le dernier album inédit des sages poètes de la rue, on retrouvait Dany Dan donner de son temps ici et là à de nouveaux rappeurs qui arrivent dans le métier (Agonie, Larme Armer et plus récemment Canelason, Harmonie Malsaine). Après maintes et maintes featuring, Dany Dan décide de régaler son public avec ce nouvel « album » en attendant un projet plus abouti. On se rappelle que le rappeur a commencé sa carrière solo après le 3e album des Sages. Derrière Zoxea et Melo P qui ont une part plus importante au sein du groupe (auteur, producteur et interprète), Dany va donc lui, mettre en avant ce qu’il sait faire de mieux et nous montrer ses talents de performeurs. Autant à l’aise avec un bic qu’un micro, il prend plaisir à nous faire part de ses story telling, ses egotrip sur ces différents projets, et tout ceci à la régulière comme dirait le dandy bandit Dany Dan. Ce dernier skeud n’est pas à classer vraiment comme album mais plutôt comme une tape alors que tout est fait pour que ce soit un album à part entière : que des titres inédits sans compter les morceaux qui ont été lancés pour promouvoir le projet, une pochette qui n’a pas été bâclée et quelques invités assez reconnus : Busta Flex, Hifi.
A première écoute, ce que l’on pourrait reprocher à Dany Dan c’est le choix des productions. Des reproches qui lui ont été déjà faits pour son précédent album. En effet, il y a comme un manque de création en ce qui concerne les productions, qui dans un sens ne lui vont pas vraiment. Mais on ne peut pas dire cela pour le produit entier. Certains titres nous conduisent à appuyer de nouveau sur la touche replay tels que : Rivière pourpre, La rue ne parle pas ou encore Tout seul qui sont très bien produits. Sur ces titres la mélodie lui va mieux, et colle mieux à son flow et ses textes. Mais on sent que Dan se cherche musicalement en dehors des productions des Sages Po. Les productions sont très diversifiées et il est difficile de coller un style à Dany Dan en solo. Mais il est encore plus difficile de coller un style qui lui va. Certains diront qu’il manque la touche des Sages Poètes de la Rue à sa musique. Même si le rappeur veut se détacher du groupe en montrant qu’en solo, il n’a nul besoin de ses deux compères afin de mettre son talent en avant. Il est fort de constater que le meilleur de Dany Dan a toujours été lorsqu’il était épaulé de Zox et Mélopheelo qui lui offraient des sons dignes du Pape de Boulogne. Mode de vie (Remix) laisse vraiment à désirer par rapport à l’original dont l’instrumental collait parfaitement à Dany Dan. Les prestations des invités sur ce titre sont également au bas niveau, surtout celle de Busta Flex. La performance de Dany Dan qui a toujours été à un bon niveau fait oublier les failles des instrus et donne même ce petit truc en plus qui fait qu’il reste toujours dans le coup. Par exemple Yeah Yeah Yeah, un beat super simple mais avec un Dany super fort qui se l’approprie comme si c’était la composition du siècle. Et lorsqu’on a droit à une composition bien réalisée comme Briquets et portables, on ne peut qu’apprécier encore plus le porteur de T-shirt extra large. On peut aussi remarquer que les meilleurs morceaux sont les plus courts : La rue ne parle pas et le Freestyle.
Pour ce qui est du contenu Pope Dan ne s’éloigne pas trop de ce qu’il fait d’habitude. Les mêmes thèmes reviennent souvent avec lui : l’égotrip et les femmes. Mais on peut l’entendre parler d’autres choses sur Tout Seul, c’est le seul morceau où il se laisse aller à une certaine (petite) émotion personnelle dans ses écrits, une émotion qui se fait rare chez lui. Dans un autre genre, il nous pond un concept autour du « sang » sur Rivière Pourpre, drôle de thématique pour un rap. Mais le sujet est bien traité, les comparaisons autour du thème s’enchaînent. L’autre point fort de cet opus, en plus de sa technique, ce sont ces textes. Toujours à la recherche de phases qui tuent, Dany Dan nous montre qu’il ne faut pas l’oublier lorsqu’on doit faire l’inventaire de ceux qui écrivent le mieux dans le rap français. « Il jetait plus de rimes qu’ils jettent de riz dans un mariage asiatique. » dit-il en parlant de lui-même dans Tu savais pas.
A la régulière, est un bon. Mais le problème c’est que c’est juste bon sans plus. On ne va pas mâcher nos mots, beaucoup de personnes attendent plus de lui. Un album à la hauteur de son talent comme dirait l’autre. Et plus exactement des instrus qui mettront enfin le Pape de Boulogne sur un piédestal. Laissons place à quelques avis de certains internautes qui résument la conclusion sur cet « album ».
« Dany respect à lui ! C'est vrai qu’il na pas évolué depuis le temps, mais il n'a pas régressé, Toujours aussi lourd! » fanonBmaker (Youtube)
« Mon regret par rapport à la tape, c'est quand même l'instru qu'ont dû se coltiner Dan et Hifi. Les gars lâchent une grosse perf' mais l'instru gâche tout sérieux. Depuis le temps qu'on attendait ce type de collab', c'est con quand même. » Diamantaire (Onthecorner)
« Bien bien cette tape. Je m'attendais à pire niveau prods même si ce n'est pas le point fort de la tape. Niveau featurings, c'est mi-figue, mi-raisin. Hifi, Dernier Pro ou Zed gèrent bien le truc. » Biggie (abcdrduson)
« Y'a des feat un peu mauvais seul bémol pour le reste c'est du dany c'est propre que ce soit au niveau des lyrics et surtout au niveau du flow. » Al Poelvoordino (2kmusic)
« Sinon ça va la prod de La rue ne parle pas ou de Crabe… sont bonnes je trouve et dans l'ensemble c'est meilleur que d'hab'... mais pas top top top non plus ». senfood (Onthecorner)
Les 5 meilleurs titres pour ma part : Tout seul, Briquets et portables, Yeah yeah yeah, Rivière pourpre, La rue ne parle pas.
13,5/20
